Conte | La Barbe bleue |
Argument | Cédant à la curiosité, la femme d'un roturier (riche mais physiquement disgracié) découvre dans un cabinet interdit les cadavres des précédentes épouses de son mari. Condamnée à son tour, elle sera sauvée par l'arrivée de ses frères. |
Incipit | Il était une fois un homme qui avait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d'or et d'argent, des meubles en bois précieux et des carrosses tout dorés. Mais, par malheur, cet homme avait [titre] ; cela le rendait si laid... |
Excipit | Elle employa une partie du trésor à marier sa jeune sœur Anne, une autre partie à acheter des régiments pour ses frères, et le reste à se marier elle-même à un fort honnête homme qui lui fit oublier le mauvais temps qu'elle avait passé avec [titre] |
Morale | La curiosité malgré tous ses attraits, coûte souvent bien des regrets ; on en voit tous les jours mille exemples paraître. C'est, n'en déplaise au sexe, un plaisir bien léger ; dès qu'on le prend il cesse d'être, et toujours il coûte trop cher. |
Conte | La Belle au bois dormant |
Argument | Une princesse, victime d'un sort jeté sur elle par une vieille fée, doit subir un sommeil de cent années, au terme duquel le fils d'un roi vient la réveiller, et l'épouse. Leurs enfants échappent de peu à la voracité de leur grand-mère ogresse. |
Incipit | Il était une fois un roi et une reine qui étaient si fâchés de n'avoir point d'enfants, si fâchés qu'on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux du monde, vœux, pèlerinages, rien n'y faisait. Enfin pourtant la reine devint grosse. |
Excipit | L'ogresse se jeta la tête la première dans la cuve, et fut dévorée en un instant par les vilaines bêtes qu'elle y avait fait mettre. Le roi ne put s'empêcher d'en être fâché car elle était sa mère mais il s'en consola bientôt avec sa femme et ses enfants |
Morale | Attendre quelque temps pour avoir un époux / Riche, galant, bien fait et doux,/ La chose est assez naturelle. Mais l'attendre cent ans, et toujours en dormant,/ On ne trouve plus de femelle / Qui dormît si tranquillement. |
Conte | Cendrillon ou La Petite Pantoufle de verre |
Argument | Une fée-marraine offre à l'héroïne, détestée et traitée comme une servante par sa belle-mère et ses demi-sœurs, la possibilité d'assister au bal donné par le fils du roi. Séduit par l'inconnue, il la reconnaîtra grâce à une chaussure, et l'épousera. |
Incipit | Il était une fois un gentilhomme qui épousa en secondes noces une femme, la plus hautaine et la plus fière qu'on eût jamais vue. Elle avait deux filles de son humeur et qui lui ressemblaient en toutes choses. |
Excipit | Le prince la trouva encore plus belle que jamais, et peu de jours après il l'épousa. [titre], qui était aussi bonne que belle, fit loger ses deux sœurs au palais, et les maria dès le jour même à deux grands seigneurs de la cour. |
Morale | C'est sans doute un grand avantage,/D'avoir de l'esprit, du courage/ De la naissance, du bon sens, et d'autres semblables talents./ Mais pour votre avancement ce seront choses vaines/ Si vous n'avez pour les faire valoir/ou des parrains ou des marraines. |
Conte | Le Chat botté |
Argument | L'ingénieux animal dont un modeste meunier a hérité, fait la fortune de son maître qu'il baptise marquis de Carabas : il lui fait épouser la fille du roi, et le rend propriétaire du château dont il a mangé le maître qu'il a transformé en souris. |
Incipit | Un meunier ne laissa pour tous biens à trois enfants qu'il avait, que son moulin, son âne et son chat... L'aîné eut le moulin, le second eut l'âne, et le plus jeune n'eut que le chat. |
Excipit | Le marquis, faisant de grandes révérences, accepta l'honneur que lui faisait le roi, et le même jour épousa la princesse. Le chat devint grand seigneur, et ne courut plus après les souris que pour se divertir. |
Morale | Quelque grand que soit l'avantage/ De jouir d'un riche héritage/ Venant à nous de père en fils/ Aux jeunes gens pour l'ordinaire,/ L'industrie et le savoir-faire/ Valent mieux que des biens acquis. |
Conte | Les Fées |
Argument | Une veuve adore sa fille ainée orgueilleuse, et déteste la cadette bonne et douce. Une fée fait à la cadette le don de transformer ses paroles en diamants, tandis qu'elle transforme celles de l'ainée en crapauds. La cadette rencontre et épouse un prince. |
Incipit | Il était une fois une veuve qui avait deux filles ; l'ainée lui ressemblait si fort d'humeur et de visage que, qui la voyait, voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses, qu'on ne pouvait vivre avec elles. |
Excipit | Le fils du roi en devint amoureux, l'emmena au palais de son père où il l'épousa. Sa sœur se fit tant haïr que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, ne trouvant personne qui voulût la recevoir, alla mourir au coin d'un bois. |
Morale | Les Diamants et les Pistoles/ Peuvent beaucoup sur les esprits ;/Cependant les douces paroles/ Ont encor plus de force/ Et sont d'un plus grand prix. |
Conte | Peau d'âne |
Argument | Croyant échapper à l'amour incestueux de son père, une princesse lui demande de sacrifier l'animal qui défèque des pièces d'or. Il accepte. Elle s'enfuit revêtue de la peau de cet animal et épouse un prince qui la reconnaît grâce à une bague magique. |
Incipit | Il était une fois un roi / Le plus grand qui fût sur la terre /...Son aimable moitié, sa compagne fidèle / Etait si charmante et si belle.../ De leur tendre et chaste hyménée / Avec tant de vertus une fille était née /... |
Excipit | Dès que son père la vit:" Que béni soit le Ciel / Qui veut bien que je te revoie / Ma chère enfant", dit-il ... Chacun à son bonheur voulut s'intéresser / Et le futur époux était ravi d'apprendre / Que d'un roi si puissant il devenait le gendre. |
Morale | Il n'est pas malaisé de voir/ Que le but de ce conte est qu'un enfant apprenne/ Qu'il vaut mieux s'exposer à la plus rude peine/ Que de manquer à son devoir. |
Conte | Le Petit Chaperon rouge |
Argument | Une fillette chargée de porter des victuailles à sa grand-mère malade, rencontre dans la forêt un loup. Celui-ci s'arrange pour arriver le premier chez la grand-mère, la dévore, prend sa place dans le lit et dévore la fillette à son arrivée. |
Incipit | Il était une fois une petite fille de village, la plus jolie qu'on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. |
Excipit | "Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents !" - "C'est pour mieux te manger." Et en disant ces mots, le méchant loup se jeta sur [titre] et la mangea. |
Morale | On voit ici que de jeunes enfants/ Surtout de jeunes filles belles, bien faites et gentilles/ Font très mal d'écouter toutes sortes de gens/ Et que ce n'est pas chose étrange/ S'il en est tant que le loup mange. |
Conte | Le Petit Poucet |
Argument | Un couple misérable ayant décidé d'abandonner ses enfants, le plus petit de la fratrie se sauve avec ses six frères, d'abord en semant des cailloux blancs pour retrouver son chemin, puis en échappant à la voracité de l'ogre chez qui ils se sont réfugiés. |
Incipit | Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous des garçons. L'aîné n'avait que dix ans et le plus jeune n'en avait que sept. |
Excipit | Il mit toute sa famille à son aise. Il acheta des offices de nouvelle création pour son père et pour ses frères ; et par là il les établit tous, et fit parfaitement bien sa cour en même temps. |
Morale | On ne s'afflige point d'avoir beaucoup d'enfants/ Quand ils sont beaux, bien faits et bien grands; Mais si l'un d'eux est faible.../On le méprise,on le raille, .../ Quelquefois cependant c'est ce petit marmot/ Qui fera le bonheur de toute la famille. |
Conte | Riquet à la houppe |
Argument | Une princesse très belle mais sans esprit rencontre un garçon plein d'esprit mais très laid. Ils pourront s'épouser, ayant reçu d'une fée le don de communiquer à la personne aimée de la beauté (pour la princesse), de l'esprit (pour le garçon). |
Incipit | Il était une fois une reine qui accoucha d'un fils si laid et si mal fait qu'on douta longtemps s'il avait forme humaine. Une fée qui se trouva à sa naissance assura qu'il ne laisserait pas d'être aimable parce qu'il aurait beaucoup d'esprit. |
Excipit | Le roi ayant su que sa fille avait beaucoup d'estime pour [titre], qu'il connaissait d'ailleurs pour un prince très spirituel et très sage, le reçut avec plaisir pour son gendre. Dès le lendemain les noces furent faites, ainsi que [titre] l'avait prévu. |
Morale | Ce que l'on voit dans cet écrit,/ Est moins un conte en l'air que la vérité même./ Tout est beau dans ce que l'on aime,/ Tout ce qu'on aime a de l'esprit. |
Conte | Les Souhaits ridicules |
Argument | A un pauvre bûcheron, Jupiter accorde d'exaucer trois vœux : il demande du boudin ! Sa femme l'en blâmant, il demande que le boudin lui pende au nez ! Il lui reste un vœu pour réparer la disgrâce de sa femme. Adieu rêves de gloire et de richesse ! |
Incipit | Il était une fois un pauvre bûcheron/ Qui las de sa pénible vie/ Avait, disait-on, grande envie/ De s'aller reposer aux bords de l'Achéron:/ Depuis qu'il était au monde,/ Le Ciel cruel n'avait jamais/ Voulu remplir un seul de ses souhaits ! |
Excipit | Ainsi le bûcheron ne changea point d'état,/ Ne devint point grand potentat,/ D'écus ne remplit point sa bourse;/ Trop heureux d'employer le souhait qui restait/ Faible bonheur, pauvre ressource,/ A remettre sa femme en l'état qu'elle était. |
Morale | Bien est donc vrai qu'aux hommes misérables,/ Aveugles, imprudents, inquiets, variables,/ Pas n'appartient de faire des souhaits, Et que peu d'entre eux sont capables/ De bien user des dons que le Ciel leur a faits. |