Titre du poème | Chant d'automne |
Extrait | Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts ! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. |
Commentaire | Poème mélancolique reprenant le thème de la fuite du temps à travers le cycle des saisons. À travers la nature et la musicalité, Baudelaire y exprime son angoisse, femme et poésie apparaissant comme des remèdes temporaires à son "spleen". |
Titre du poème | Correspondances |
Extrait | La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. |
Commentaire | Poème emblématique du mouvement symboliste. Baudelaire nous invite à voir au delà de la réalité du sensible en découvrant le sens caché du monde, un peu à la manière de Rimbaud dans son poème "Voyelles". |
Titre du poème | Harmonie du Soir |
Extrait | Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir, Du passé lumineux recueille tout vestige ! Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige... Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir ! |
Commentaire | Au début de ce poème, Baudelaire évoque sa mélancolie à travers l'atmosphère sombre mais harmonieuse d’un crépuscule apparenté à une célébration religieuse. Le texte s'achève toutefois sur une image lumineuse (voir le dernier vers de l'extrait). |
Titre du poème | L'Albatros |
Extrait | Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. |
Commentaire | Dans ce célèbre poème, Baudelaire, à travers la narration d’une scène de vie en mer, reprend un thème littéraire traditionnel : la solitude du poète, homme de génie, incapable de s’adapter aux réalités ordinaires et souffrant d'être seul et incompris. |
Titre du poème | L'Homme et la Mer |
Extrait | Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. |
Commentaire | Poème dans lequel immensités du temps et de l’espace renvoient à un temps infini et à un espace intérieur, mental et poétique. L’eau y joue le rôle de miroir de l’homme, de reflet de son cœur, de son esprit et de son âme. |
Titre du poème | L'Invitation au voyage |
Extrait | Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! (...) Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté. |
Commentaire | À travers ce poème "musical", Baudelaire propose un véritable parcours initiatique : invitation amoureuse, méditation poétique et contemplation esthétique apportent une touche moins mélancolique à ses "Fleurs du mal". |
Titre du poème | La Mort des amants |
Extrait | Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. |
Commentaire | Baudelaire rapproche ici l'amour de la mort, en en donnant deux images sublimées, jusqu'à les confondre. Le mythe romantique de la fusion des corps et des cœurs trouve son aboutissement dans la mort qui mène à l'amour éternel. |
Titre du poème | La Musique |
Extrait | La musique souvent me prend comme une mer ! Vers ma pâle étoile, Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther, Je mets à la voile ; |
Commentaire | Dans ce poème, à la fois expérience musicale, voyage en mer et définition implicite de la poésie, figurent la plupart des thèmes majeurs des "Fleurs du mal". Le poète y suggère que tous les arts se rejoignent pour rendre supportable la condition humaine. |
Titre du poème | Le Chat |
Extrait | Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d'agate. |
Commentaire | Baudelaire établit ici une analogie entre le félin et la femme, figures ambivalentes qu'il superpose, semant un trouble renforcé par la forme : le texte est construit comme un sonnet mais sur la base d'une alternance entre décasyllabes et octosyllabes. |
Titre du poème | Spleen IV |
Extrait | Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ; |
Commentaire | De ce poème crépusculaire ressort un paradoxe très baudelairien : certes, le "mal de vivre" rend l'existence du poète douloureuse, jusqu'à la faire basculer dans le désespoir, mais il se révèle aussi être pour lui une intarissable source d'inspiration. |