Il est des loups de toute sorte
Je connais le plus inhumain
Mon cœur que le diable l'emporte
Et qu'il le dépose à sa porte
N'est plus qu'un jouet dans sa main
Commentaire
Issu d'un recueil entièrement dédié à Louise de Coligny-Châtillon et publié à l'origine sous le titre "Ombre de mon amour", ce poème évoque deux thèmes récurrents chez Apollinaire : l'amour et la guerre.
La Chanson du mal-aimé (2 / 10)
Titre du poème
La Chanson du mal-aimé
Extrait
Et je chantais cette romance
En 1903 sans savoir
Que mon amour à la semblance
Du beau Phénix s'il meurt un soir
Le matin voit sa renaissance.
Commentaire
Récit d’une déception amoureuse dans lequel le poète se met progressivement à distance. Apollinaire reprend ici un thème ultra-classique – l’amour – mais il en renouvelle l’expression poétique, alliant la tradition à la modernité.
La Loreley (3 / 10)
Titre du poème
La Loreley
Extrait
À Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde
Devant son tribunal l'évêque la fit citer
D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté
Commentaire
Le poème s'ouvre à la manière d'un conte et reprend une célèbre légende du folklore allemand, celle d'une femme à la beauté ensorcelante qui, souffrant de n'être pas aimée, finit par se soustraire à la vie.
Le Pont Mirabeau (4 / 10)
Titre du poème
Le Pont Mirabeau
Extrait
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure
Commentaire
Il s'agit sans conteste du poème le plus célèbre d'Apollinaire. En deuxième position dans le recueil "Alcools", il traite de l'inéluctable érosion de l'amour au fil du temps, à travers la métaphore de l'écoulement de la Seine sous un pont de Paris.
Marie (5 / 10)
Titre du poème
Marie
Extrait
Je passais au bord de la Seine
Un livre ancien sous le bras
Le fleuve est pareil à ma peine
Il s’écoule et ne tarit pas
Commentaire
Proche dans ses évocations (amour, temps qui passe, fleuve qui coule) du poème "Le Pont Mirabeau", ce texte évoque un amour perdu (Marie Laurencin ?) qui provoque chez le poète une souffrance dans laquelle il semble se complaire.
Marizibill (6 / 10)
Titre du poème
Marizibill
Extrait
Dans la Haute-Rue à Cologne
Elle allait et venait le soir
Offerte à tous en tout mignonne
Puis buvait lasse des trottoirs
Très tard dans les brasseries borgnes
Commentaire
Sur un thème qui inspirera les chansons "Mon Légionnaire" et "Lili Marlene", Apollinaire, avec tendresse et réalisme, décrit le quotidien glauque d'une prostituée en s'émouvant du sort de ceux dont les "yeux sont des feux mal éteints".
Nuit rhénane (7 / 10)
Titre du poème
Nuit rhénane
Extrait
Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme
Écoutez la chanson lente d'un batelier
Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes
Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds
Commentaire
Poème aux multiples niveaux de lecture, à la fois évocation d'une nuit d'ivresse, libération de la parole lyrique, plongée dans l'univers angoissant de légendes allemandes, et célébration d'un art poétique qui sublime le réel et dévoile le monde.
Saltimbanques (8 / 10)
Titre du poème
Saltimbanques
Extrait
Dans la plaine les baladins
S’éloignent au long des jardins
Devant l’huis des auberges grises
Par les villages sans églises.
Commentaire
À travers la description pleine de tendresse et haute en couleurs d'un cortège d'artistes ambulants, Apollinaire célèbre leur mode de vie nomade. Ce texte, un des plus simples écrits par l'auteur, est souvent appris dans les écoles.
Si je mourais là-bas (9 / 10)
Titre du poème
Si je mourais là-bas
Extrait
Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie
— Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur —
Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Commentaire
Extrait du recueil "Poèmes à Lou", ce texte, qui se présente comme une lettre écrite depuis le front, conjure la violence par un unanimisme puissant appelant à une fraternité universelle. Certaines images du poème préfigurent le surréalisme.
Zone (10 / 10)
Titre du poème
Zone
Extrait
Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages
Avant de t'apercevoir du mensonge et de l'âge
Tu as souffert de l'amour à vingt et à trente ans
J'ai vécu comme un fou et j'ai perdu mon temps
Commentaire
Long poème sans ponctuation ni régularité de rime qui ouvre le recueil "Alcools". Il s'agit d'une sorte de manifeste, par lequel le poète révolutionne le genre poétique, tant dans la forme que dans les thèmes.