Titre du poème | C'est Lou qu'on la nommait |
Extrait | Il est des loups de toute sorte Je connais le plus inhumain Mon cœur que le diable l'emporte Et qu'il le dépose à sa porte N'est plus qu'un jouet dans sa main |
Commentaire | Issu d'un recueil entièrement dédié à Louise de Coligny-Châtillon et publié à l'origine sous le titre "Ombre de mon amour", ce poème évoque deux thèmes récurrents chez Apollinaire : l'amour et la guerre. |
Titre du poème | La Chanson du mal-aimé |
Extrait | Et je chantais cette romance En 1903 sans savoir Que mon amour à la semblance Du beau Phénix s'il meurt un soir Le matin voit sa renaissance. |
Commentaire | Récit d’une déception amoureuse dans lequel le poète se met progressivement à distance. Apollinaire reprend ici un thème ultra-classique – l’amour – mais il en renouvelle l’expression poétique, alliant la tradition à la modernité. |
Titre du poème | La Loreley |
Extrait | À Bacharach il y avait une sorcière blonde Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde Devant son tribunal l'évêque la fit citer D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté |
Commentaire | Le poème s'ouvre à la manière d'un conte et reprend une célèbre légende du folklore allemand, celle d'une femme à la beauté ensorcelante qui, souffrant de n'être pas aimée, finit par se soustraire à la vie. |
Titre du poème | Le Pont Mirabeau |
Extrait | Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure |
Commentaire | Il s'agit sans conteste du poème le plus célèbre d'Apollinaire. En deuxième position dans le recueil "Alcools", il traite de l'inéluctable érosion de l'amour au fil du temps, à travers la métaphore de l'écoulement de la Seine sous un pont de Paris. |
Titre du poème | Marie |
Extrait | Je passais au bord de la Seine Un livre ancien sous le bras Le fleuve est pareil à ma peine Il s’écoule et ne tarit pas |
Commentaire | Proche dans ses évocations (amour, temps qui passe, fleuve qui coule) du poème "Le Pont Mirabeau", ce texte évoque un amour perdu (Marie Laurencin ?) qui provoque chez le poète une souffrance dans laquelle il semble se complaire. |
Titre du poème | Marizibill |
Extrait | Dans la Haute-Rue à Cologne Elle allait et venait le soir Offerte à tous en tout mignonne Puis buvait lasse des trottoirs Très tard dans les brasseries borgnes |
Commentaire | Sur un thème qui inspirera les chansons "Mon Légionnaire" et "Lili Marlene", Apollinaire, avec tendresse et réalisme, décrit le quotidien glauque d'une prostituée en s'émouvant du sort de ceux dont les "yeux sont des feux mal éteints". |
Titre du poème | Nuit rhénane |
Extrait | Mon verre est plein d'un vin trembleur comme une flamme Écoutez la chanson lente d'un batelier Qui raconte avoir vu sous la lune sept femmes Tordre leurs cheveux verts et longs jusqu'à leurs pieds |
Commentaire | Poème aux multiples niveaux de lecture, à la fois évocation d'une nuit d'ivresse, libération de la parole lyrique, plongée dans l'univers angoissant de légendes allemandes, et célébration d'un art poétique qui sublime le réel et dévoile le monde. |
Titre du poème | Saltimbanques |
Extrait | Dans la plaine les baladins S’éloignent au long des jardins Devant l’huis des auberges grises Par les villages sans églises. |
Commentaire | À travers la description pleine de tendresse et haute en couleurs d'un cortège d'artistes ambulants, Apollinaire célèbre leur mode de vie nomade. Ce texte, un des plus simples écrits par l'auteur, est souvent appris dans les écoles. |
Titre du poème | Si je mourais là-bas |
Extrait | Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie — Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur — Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur Et sois la plus heureuse étant la plus jolie |
Commentaire | Extrait du recueil "Poèmes à Lou", ce texte, qui se présente comme une lettre écrite depuis le front, conjure la violence par un unanimisme puissant appelant à une fraternité universelle. Certaines images du poème préfigurent le surréalisme. |
Titre du poème | Zone |
Extrait | Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages Avant de t'apercevoir du mensonge et de l'âge Tu as souffert de l'amour à vingt et à trente ans J'ai vécu comme un fou et j'ai perdu mon temps |
Commentaire | Long poème sans ponctuation ni régularité de rime qui ouvre le recueil "Alcools". Il s'agit d'une sorte de manifeste, par lequel le poète révolutionne le genre poétique, tant dans la forme que dans les thèmes. |